Garde républicaine & Aedes

La littérature a eu Hernani de Victor Hugo, la musique, la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz. En 1830, ces deux chefs-d’œuvre, nés dans une époque en pleine effervescence, marquent la bascule définitive de l’art français dans le romantisme.

Au-delà de ces révolutions artistiques, un autre bouleversement, plus intérieur, marque l’histoire de la musique : le Stabat Mater de Francis Poulenc. Cette œuvre, composée en 1950 après une période de doute profond et à la suite d’un drame personnel, s’impose comme l’un des sommets de la musique sacrée du XX^e siècle. Inspiré par une première visite à Rocamadour en 1936, à la suite de laquelle il compose les Litanies à la Vierge Noire, Poulenc y mêle une ferveur mystique à une douleur poignante, donnant à ce texte liturgique une dimension profondément humaine.

Contrairement à la grandeur orchestrale de Berlioz, Poulenc adopte une écriture épurée mais non moins expressive. Le Stabat Mater se distingue par un dialogue intime entre le chœur et l’orchestre, où chaque mouvement explore une facette différente de la douleur et de l’espérance. La clarté apparente de son langage cache une complexité émotionnelle saisissante, oscillant entre recueillement et exaltation. À Rocamadour, où il avait trouvé un refuge spirituel, Poulenc insuffle à cette œuvre une profondeur qui transcende les époques.

Cette soirée, réunissant la Symphonie Fantastique de Berlioz et des œuvres sacrées de Poulenc sous la direction de Bastien Stil, avec l’Orchestre symphonique de la Garde républicaine, l’Ensemble Aedes et la soprano Vannina Santoni, nous offre un voyage unique. La passion romantique de Berlioz, tournée vers l’amour humain, répond ici à la spiritualité de Poulenc, tourné vers l’infini divin.